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Bientôt se lèvera l’aube
De mon non demain.
Je sais mes aujourd’hui,
Me souviens des hiers,
Et mes après ?
Vision floue.
L’agenda se vide
Qui vais-je voir ?
Quand le ferais-je ?
Planning, rendez-vous,
Clients, travail...
En mots futiles
Rangés dans une boite
Déjà en souvenirs.
Mes deux hommes
Seront là
Que leur offrirais-je ?
Mon amour
Oui profondément,
Ma douleur
Ou mes pleurs,
Mes luttes
Ou mes défaites ?
Bientôt se lèvera l’aube
De mon être flou.
Anna – 25 Août 2013 - ©
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La mer range le sable, aseptise ses côtes
En écumeuses cavales, dans peu,
Sous la lune en témoin,
Les lavera à grandes eaux...
En flots sombres engorgés
Les Parisiens retrouvent leur scène
Sous mon regard flâneur
Bureaux, métro, boulot...
Dame ferrée se dénude lascivement
Des derniers globe-trotters
Sous les dorées prunelles
D’une esplanade déshéritée...
Les petits tabliers tailleront la mine,
Les doigts bleus encriers
Sous républicaine tutelle
Se dresseront savants...
Le soleil décochera ses flèches
En ultimes terrasses
Sous le midi indien
Des derniers déjeuners...
Les premières brumasses couvriront
De nappes lactescentes
Sous le prime cristallin
Les placîtres et les champs...
Rambouillet alors se revêtira
D’almandin et d’ocres poétiques,
Sous la brosse marivaude
De quelques chevalets...
Anna – 22 Août 2013 ©
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Voilà... je suis arrivée,
Mes inquiétudes,
En boucles phylactères,
Dans la salle d’attente
De cette sphère médicale.
Entourée de femmes bulles,
Heureuses de porter le monde,
Rondes et ventre en avant.
Moi aussi, j’ai une boule au ventre
Qui remonte au fond de la gorge
Pour redescendre en yoyo.
Pas mangé, envie déjà de vomir.
Le plus dur est l’attente,
Les aiguilles en rotation de la pendule,
Les disques vitrés de l’oculus des portes,
Les fauteuils en cirque autour de la pièce,
Les auréoles halogènes contrastant
Dans les carrés blancs du plafond...
Tout est rond ou sphérique,
À plat ou en volume.
Les images d’une bille tournent
Comme la lune en révolution,
En boucle infernale dans ma tête,
Un kyste inquiétant : diamètre 2,5 cm
Dans la courbe douce de mon sein.
Bientôt une heure... j’attends toujours.
Victime à mon tour de la rotation-mania,
Je marche et tourne en rond
Comme pour évacuer le stress
Dans la force centrifuge d’une essoreuse à esprit.
Je me rassois, prend le crayon : j’écris
Mes émotions en carrousel,
En lettres rondes, calligraphiées.
Je crois que j’ai peur.
Je clos mes globes oculaires,
Le ronron du moteur de la clim’ me berce,
Je somnole.
Le toubib me réveille,
Me conduit dans son bureau.
Pas de verdict officiel,
La biopsie ne corrobore pas l’imagerie,
Ils vont la refaire...
Encore attendre,
Demain midi.
Lui, le chirurgien est sûr
À 98 % de ses clichés,
Son intime conviction,
Et cancéreuses conclusions.
On fixe les dates,
RDV
Anesthésie
Bloc opératoire
Documents à remplir.
Le 4 vous convient-il ?
Ah non, pas le 4 !
Vous n’aimez pas le 4 ?
C’est mon anniversaire !
Alors ce jour-là, ailleurs...
Pas sous votre scalpel.
Le 11 alors ?
OK pour le 11.
Je pose mille questions,
Pratiques,
Logistiques,
Et mode opératoire,
Sans bafouiller,
Ni frémir.
Suis étonnamment calme,
Et me surprends moi-même.
15H50 :
Fin de l’entretien.
À bientôt,
Au 11.
Drôle de date aussi,
Celle-là,
Mais moi,
Une tour sur deux tombera.
Retour parking,
Dans ma voiture,
Seule.
SMS à mon tendre amour...
Appuyer sur « envoi »
Message parti...
Je m’écroule.
Anna – 8 Août 2013 - ©
Texte relayé sur le blog "Stop au Cancer"
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Huile sur toile de Marin-Marie
Des lointains zéphyrs gonflant les gréements de mon cœur,
Aux féroces typhons exfoliant l’amarrage en émois déferlants
Les poèmes en baume couchés sur des voiles papyrus
Naviguaient au près dans les flots bouillonnants.
Le capitaine solitaire fut généreux, sûr de sa cambuse,
Les mâts cabotaient conquérants sur l’étrave gaillarde.
Puis vinrent les temps nouveaux, ceux des grandes armadas
Essaimant mille toiles sous les souffles stellaires.
Les drisses étaient fragiles, l’épissure incertaine,
Trinquette, focs et huniers aisément tourmentés.
Le capitaine, incertain et soucieux, doutait de son fardage,
Dont les ardentes fougues vous plongent à la dérive.
Depuis le Grand Bé, les longues vues curieuses
Contemplaient d’un œil singulier, explorant ça et là,
Les œuvres vives en quelques infimes touches,
Admirant le galion isolé sans jauger les tonneaux,
Omettant d’embarquer dans leur contemplation
Le reste de la flottille, l’armada toute entière.
Sur les cartes au long cours, les sextants sont muets.
Sur le choix des escales, l’orientation des tentures,
Faut-il changer de cap, border le point d’écoute ?
De la capitainerie ou du bord de la grève,
Quel fin navigateur ou valeureux corsaire
Voudra sur l’aventure confirmer la manœuvre ?
Anna – 5 Juillet 2013 - ©
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