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    * MUSIQUE * BACH - Prélude BWV846 - Clavier bien tempéré

     

    Johann-Sebastian BACH - BWV 846 - Prélude No. 1– - C Major 

     

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    « Origami »

     

     

     

    Écrit vain nigaud

    Éconduit les mortes feuilles...

    Évent de l’automne

     

     

     

    Anna – Septembre 2013 ©

     

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    Extrait d’une 6ème nouvelle... 

     « Corvus Corax »  - Extrait N°2

     

     

    * Chap. 4 * Quand la montagne gronde.

     

           Comme après l’ouverture progressive du bras d’un compas, le rai de lumière s’arrêta un instant sur moi. Bien qu’éveillée, je voulais profiter pleinement de cette douceur pour draper mes douleurs de la veille. Marqués par la sangle du baudrier mes reins se souvenaient de leur chute, mes doigts et mes paumes portaient de nouvelles empreintes purpuracées. La vallée semblait silencieuse et la maison paisible, aucun son n’avait l’air capable de perturber la quiétude de ma chambre. Savourant sans réserve ce moment de clémence, les paupières mi-closes, je laissais mon esprit s’engourdir à nouveau. Sortant enfin des brumes légères et somnolentes, je regarde l’heure en posant le premier pied sur le parquet... « Dix heures ? Mince déjà ?! Bizarre que Vincent ne soit pas venu me secouer... ». Une feuille blanche pliée dépasse glissée sous ma porte.

     

                « Parti depuis 7h, avec Gunther on se fait le Loser.

                Soigne-toi bien. À cet aprèm. Bise. Vincent »

     

          Étonnant cette course... Gunther avait dit que le temps allait tourner à la pluie dans l’après-midi. Bon, ils doivent penser pouvoir rentrer avant... Chic, je suis donc libre une bonne partie de la journée ! Après une douche rapide, je descends et trouve Eva dans la cuisine déjà affairée à la confection du dessert du soir : plusieurs gâteaux moelleux au chocolat noir fourré d’une fine couche de confiture d’abricot.

    -        « Bonjour ! Alors, les garçons t’ont laissée ce matin ?

    -        Bonjour Eva, il semble bien que oui !... Humm, cela sent déjà bon le chocolat...

    -        « Sachertorte »... ce gâteau est vieux du XIXème siècle.

    -        Il doit être un peu rassis depuis le temps !

    -     Pardon, euh... j’ai un peu de mal avec le français... non je voulais dire c’est une vieille recette...

    -        Je vous taquine Eva... Il reste des Semmel ?

    -      Oui oui... du café et de l’aprikosenmarmelade aussi. Va dans la salle, je t’apporte ça.

    -     Non, ne vous dérangez pas, je vais déjeuner ici dans la cuisine. Je pourrais vous aider après si vous voulez...

    -        Non merci c’est gentil, j’ai bientôt fini et tu n’es pas là pour ça... »

            Après l’avoir prévenue que je ne serais pas là le midi, je décidais de profiter d’une balade le long du lac pour dessiner ou bouquiner. Dans un petit sac à dos, je glisse Camus, appareil photo, bloc à dessin et pastels.

     

          Au bord du lac, quelques tables et bancs en bois sont disposés ça et là pour permettre aux randonneurs de faire une halte salvatrice et aux promeneurs moins aventureux de pique-niquer. Je m’y installe face au lac et sort mon bloc ; puis change de place, cette perspective sera meilleure. Du regard, je cherche l’angle idéal pour croquer ce panorama. C’est une pratique que je n’ai jamais faite, comme ça en pleine nature, sortir papier crayons et coucher la féérie sur la feuille. Habituellement, je préfère peindre sur toile à l’acrylique, à la maison, en m’inspirant de photos prises auparavant. Rapidement je trace au graphite quelques courbes légères, les bords de rive, les arbres plus loin, la montagne dans le fond... Le narcisse soleil se joue en mille reflets dans les eaux sombres... (Il faudrait que je relise Lamartine...). Les grandes lignes jetées, j’étale mes pastels sur la table. Petit à petit les verts s’harmonisent sur les pâtis, l’ocre rouge s’approprie le dos des bovins, les bleus outremer, Prusse, Klein et les gris se répondent dans les reflets argentés de l’onde, glissant entre les « Plätten », ces barques plates au profil vénitien... Le ciel moins limpide que la veille s’habille de quelques cumulonimbus s’étirant au-dessus de la Trisselwand qui se contemple elle-aussi à la surface de l’eau. Comment vais-je pouvoir rendre à la montagne impériale son imposante magnificence en quelques traits ? Quels pastels me permettront d’immortaliser cette luminosité se jouant dans les eaux du lac ? Il me faut trouver l’alchimie de colorations plus subtiles pour ensorceler le papier... Je laisse doucement les poudres des pastels secs se mêler, avant de les souffler hors de la feuille. Ne pas souffler trop tôt ou trop vite estomper... sous peine de ne pouvoir obtenir les effets « aquarelisant » escomptés. Mais la lumière est changeante, discrètement les tonalités virent au bistre et l’azur s’encombre de tristes boursoufflures. Doucement, le vent se lève accentuant le galbe des mélèzes, ridant le lac frémissant qui se noircit. Gunther avait raison, la pluie s’annonce... Il serait plus prudent de replier tranquillement bagage...

           En un instant les premières gouttes pianotent sur les tables et le chemin. Elles s’enflent et se multiplient, laissant monter au visage des sacs à dos la moite chaleur et les odeurs de terre, les forçant déjà à presser le pas. Le vent en grand renfort précède les nuages qui se dilatent en sombres présages. Tambourinant dans le lointain, l’air se réchauffe, la Trisselwand s’obscurcit et le vallon s’électrise. Je me réfugie au « Brahms-Café » et commande un chocolat chaud. Les sommets alentour s’illuminent en des flashs éphémères, les parois rocheuses emprisonnent les grondements menaçants. Aux premières déflagrations du tonnerre, les murs de calcaires réverbérant semblent exploser. La pluie se travestit en orage...

     

    -      « Ça va nous tomber dessus dans peu de temps ! annonce Vincent en arrivant au septième relais.

    -        On ne va pas continuer par la voie normale et la via ferrata, on prend plus à droite. On peut rejoindre le dessous de l’aplomb, poursuit Gunther. Là on pourra se vacher et on sera un peu plus à l’abri de l’orage.

    -        Y a pas de spits par-là... si ? s’inquiète Vincent.

    -  Je vais mettre des sangles et des coinceurs où je pourrais... Ça va passer, t’inquiète !

    -       Le rebord n’est pas bien grand, j’espère que l’on n’aura pas tous la même idée... Ça serait vite le bordel... »

    Il fait chaud malgré le vent, la roche calcaire gorgée de soleil depuis tôt ce matin se tâche déjà d’énormes gouttes sans les boire à la lie. Les doigts et les semelles deviennent humides, il faut faire vite tout en restant prudent...

     

          Les cumulus s’enflent et se gonflent toujours plus provoquant. Soudain en une énorme expansion de l’atmosphère, ils se déchirent violemment libérant en un éclair des trombes d’eau sur les roches et les alpages. Dans le café, tous scrutent silencieux le ciel et les sommets, comme les femmes de marins dévisagent la houle épiant la moindre voile sur l’horizon. Là-haut aussi dans les voies, il y a des hommes... L’orage s’abat furieusement entre les cimes en un grand spectacle pyrotechnique. L’eau dévalant charrie les pierres et la boue des chemins, les bourrasques arrachent sans égard les feuilles et emportent le foin oublié sur les éteules, l’autre rive disparaît derrière un noir rideau... Les rafales au mieux écartèlent les baleines de parapluies attardés, au pire s’appropriant leur toile les exportent au loin. Je vois les doigts inquiets dans la vallée qui se croisent et se tordent crispés... J’imagine les mains prudentes dans les voies se méfiant de chaque prise fragilisée par la pluie.

     

            En cet instant, Vincent doute de ses capacités physiques, et apprécie d’autant plus la présence rassurante de Gunther alpiniste chevronné, qui saura le sortir de ce mauvais pas. Plus haut à gauche, la foudre accroche le ferraillage de la via ferrata. En un éclatement incandescent, elle lacère la pierre en deux, foudroyant en même temps deux pauvres gars restés naïvement sur le passage métallique... Aucun cri n’a eu le temps de résonner dans la vallée. Un corps est tombé en contrebas, l’autre pauvre diable se cramponne gémissant...

    -        « Putain, il est vivant ! crie Vincent secoué d’horreur.

    -        Grimpe d’abord, pas la peine d’avoir d’autre accident dans la même journée ! »

    Gunther continue d’assurer Vincent qui poursuit son ascension en vacillant, puis annonce :

    -    « Tu restes là bien tranquille hein ? Je poursuis la course et vais chercher du secours pour ce pauvre type. On revient vous chercher au plus vite ! OK ?

    -        OK... répond Vincent d’une voix chevrotante.

    -       T’as bien compris ? Tu ne tentes rien ! Tu restes accroché, colles-toi à la roche sous l’aplomb... et tu ne bouges pas d’un poil !

    -        OK... Fais gaffe à toi hein ?... »

     

             Vincent pétri de peur regarde Gunther reprendre la course, sous une pluie battante qui lui glace les os. Il ferme les yeux, grelotte, pleure aussi... Il a une peur indescriptible, et pense à Gunther... des tonnes d’émotions se mélangent dans son esprit... Il supplie le ciel de se calmer, il se voit déjà mort de froid agrippé à ce ridicule caillou, il prie ?... Il pense à Axelle en bas à l’abri du chalet... Flûte, il ne s’est jamais passé quoi que ce soit avec elle, quel con... elle est mignonne... Il ne sait plus à quelle heure est parti Gunther, combien de temps lui faut-il ?

              Il n’entend plus de gémissements du côté de la via ferrata...

    .../...

     

     

    L’intégralité est disponible sur simple demande 

    Anna – 17 Août 2013 © 

    N6 – Total 42 pages - Copyright numéro 00052576

     

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  •  Peut-on rester sourd à l’Écho des Mots... ? Oh Oh !

     

    À l’heure où les Kindle, iPad, liseuses et autres bijoux technologiques se répandent telle une pandémie, beaucoup d’auteurs plongent leurs plumes dans l’encre mercure-arsenic-cadmium des e-éditions... Le virtuel est partout, et nos yeux se désagrègent doucement dans les contrastes électroniques des pages...

     

    TippiRoad lance son blog de lecture audio !

     

    Ça claque comme une voile flamboyante dans le vent, ça porte les mots dans un tourbillon de voix... et les plumes volent, s’envolent au loin, de l’autre côté du monde...

     

    Une belle initiative ! D’abord pour les malvoyants, ensuite pour la musicalité des mots fredonnant soudain à notre oreille.

     

    Un  nouveau blog « ami », assurément !

     

     

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