• * L'ENCRIER * « Prisonniers de l'Ombre »

     

     

    Encore quinze jours de patience pour une vie éclairée par quelques veilles blanches, de chaleureuses tendresses, de surprises et de rires épanouis. La chambre est prête. Ce matin, les jeunes parents inquiets par ce ventre immobile. Depuis deux jours, peut-être. Premier enfant, le terme approche. La petite princesse n’aurait-elle plus de place pour ses habituelles turbulences ? Pupilles anxieuses, en mal de certitude.

    Un besoin impérieux, s’assurer… se rassurer…

    Les Urgences, une échographie. Verdict glaçant comme une fin du monde, broyant d’un mot deux innocents. Incompréhension, les yeux cherchent un appui salvateur, les bras sont lourds, les souffles courts, suffocation, effondrement, vide en tourbillons, détresse mise en abîme, le néant avant l’ultime descente aux enfers.

    « Rentrez chez vous, nous vous accoucherons mercredi. Après, nous procéderons à l'autopsie » …

    Sidérés, abattus, à peine sortis de l'adolescence, le jeune couple suit les directives, s’exécute. Ils repartent. Cinq jours de perdition pendant lesquels la médecine, comme juste née du Moyen-Âge, prescrit au ventre maternel d’être le cercueil de l'enfant disparue. Comme des jours sans fin, comme cinq décès successifs. Que cette urgentiste inhumaine soit mise aux fers ! Quel mot pour exhaler cette souffrance infligée ? Quelle larme pour diluer cette brûlure ? Et le temps de l’après n’est pas demain.

     

    Mon cri de rage, inexhaustible, perdu dans cette immensité barbare.

     

     

     

    À Talia et ses parents.

     

    Anna – 29.04.2019

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