-
Ma Plume dans l'Encre Criée
-
Par Anna Logon le 13 Juin 2021 à 08:00
Chaleur du jour, puis,
le ciel claironnerait,
roulant de gros galets gris.
Le sol dégoulinant de lumières,
les couleurs feraient naufrage,
en flaques.
Ce soir n’est qu’un rêve.
Anna – Juin 2021
votre commentaire -
Par Anna Logon le 25 Avril 2021 à 08:00
Noël à bord…
« …
Lisette, Lili belle-de-nuit, proposa de faire le réveillon de Noël sur Le Lamantin. Chacun apporterait son panier. Bougies et guirlandes faites de chutes de crépon coloré égaieraient le salon flottant. À la nuit, Agathe arriva avec un grand plat de poularde encore chaude, suivie de William, puis de Gaspard et Toine du Nivernais qui attendaient un chargement de coke pour Auxerre. Matthijs, surnommé « Matt’ Maous », son épouse Florentine et leurs deux galapiats, arrivés des Flandres trois jours avant, étaient déjà là. Victorine et Pauline, également conviées, viendraient dès leur service terminé. Chacun déballa ses victuailles à la communauté, soupe de navets et pois cassés, tourte au lard, pâtés de tête à l’ail, pommes de terre. Les mignards se précipitèrent aussitôt sur les olibollens, beignets au sucre préparés par leur mère, et la petite poignée de berlingots multicolores achetée la veille par Lili dans la rue du Faubourg Montmartre à l’enseigne À la mère de famille, une fabrique de confitures et confiseries.
— C’est pas tous les jours fête ! Hein ?
Les bras levés, Vicky fit une entrée éblouissante, exhibant deux bouteilles de sauteuse, kidnappées par Gambette. Il y avait également Charlotte, qu’elles n’avaient pas revue depuis la scène libertine à Montmartre. Et on porta des brindes à l’un, puis aux autres. Ça riait à tue-tête, chantait à plus soif et dansait jusqu’à l’extinction des voix et des derniers lumignons. Ça s’embruma l’esprit pour décapiter la mouise agglutinée, le temps d’un p’tit Jésus, auquel personne ne croyait.
Frigidité matinale, une pellicule blanche masquait le fleuve. Les trois hublots du Lamantin ressemblaient à des flocons givrés. Dans des vieux relents de sueurs, d’alcools forts et de restes bâfrés, l’intérieur du bateau dégageait sa propre chaleur.
Les corps s’étaient endormis tels quels, tombant un à un de fatigue ou d’ivresse. Florentine assise sur une couverture jetée au sol, les jambes tendues, serrait son aîné dans les bras. Le plus jeune, le pouce encore accroché à sa bouche entrouverte, blottissait sa tête sur les genoux de sa mère. Matthijs et Gaspard avachis, le front ou la joue sur un bras à même la carante, entre les carafes vides et les gamelles débarbouillées jusqu’à la fonte. Agathe s’était allongée sur le banc après avoir trop dansé. Près du poêle somnolant, la vieille carcasse de William brondissait élégamment à chaque courant nasal. Même son sommeil avait cette touche de coquetterie britannique. Kosto avait réussi à s’incruster en boule, entre Vicky et Pauline serrées sur une paillasse dans le coin de la pièce. Bien avant, Lili avait rejoint son carré. Nue, sa jambe gauche ressortait par-dessus les couvertures et chevauchait à moitié le Toine, qui ronflait comme la chaudière d’un tjalk, une fesse à l’air et la chemise ouverte sur son torse velu.
… »
Toujours disponible dans les bonnes librairies
votre commentaire -
Par Anna Logon le 21 Mars 2021 à 08:00
Sous un ciel trop bas,
troupeaux serrés
sur les rails d’un tram,
tels des barreaux de taule en tôle,
renvoyant au logis.
Un dehors vite dedans.
Alors, on rentre…
Oui, non, peut-être, si, bientôt, cependant…
Ordres, contre-ordres, désordre.
On s’y perd, courage à nous.
Suivre ces allées serpentines,
faire onduler le temps
pour éloigner la maison.
Pourtant, on rentre…
Comme une suite de mouvements disparus,
la rue, le ciel, tout s’évide,
se tait et se terre, s’embastille.
Seul le soleil bouge encore.
Absence des yeux perdus au loin,
le front collé à la buée vitrée.
On est rentré…
Les rideaux de fer ne crient plus de rouille,
et les gargotes crèvent de soif.
Même le fantôme de l’Opéra se languide.
Pavés aphones à l’ombre du soir,
là-bas ou près d’Issy.
Quand on sera mort,
rentrera-t-on encore ?
Anna – Mars 2021
votre commentaire -
Par Anna Logon le 28 Février 2021 à 08:00
Sortir du troupeau
Hors du monde embargo,
Je rêve d’eau,
Malo, Malo,
De l’écume en rouleaux,
Comme une iode à gogo,
De l’hermine au drapeau,
Et du sable loin des sots.
Dévorer un tourteau,
Crevettes pour l’apéro,
Trois petits bigorneaux
En buvant du vin d’O.
Pourtant… on rentre…
Février 2021
votre commentaire -
Par Anna Logon le 24 Janvier 2021 à 08:00
La nuit se creuse sous la lune absente,
La houle sombre jette son écume
Sur les galets plaintifs et le noir goémon.
Le noroît éreinte sarraus et coiffes blanches.
Inquiètes en rangs serrés mais dignes,
Elles épient le tumulte au milieu de la passe.
Dans un peu de marée, les hommes rentreront.
Anna – Déc 2020
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique