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    * HUMEUR * Underground

     

    Taire pour ne plus faire mal

    Enterrer ses pages cachets

    S'écraser incandescente

    Aux cendriers des maux

    Pour le reste, faire l'autruche

    La plume aux vents incertains.

     

     

     

    Anna – « Pensées » - 6 Novembre 2014

     

     

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    * L'ENCRIER * « L’Abandon »

     

     

    Le soleil rubescent fondait tendrement sur les courbes vallons, se feutrant au creux émeraude des sapins. Sérénité du crépuscule. Un couple de gerfauts s’élevait, en aubade grivoise, dans le ciel coloré s’apaisant enfin des chaleurs estivales. Lentement, les ombres prenaient leur aise sur les hauteurs du lac. Le jour, comme hier, avait été joyeux, nourri d’éclats de vie essaimés çà et là, au milieu des photos de vacances.

     

    Il leur fallait rentrer. Plier la couverture couchée lascivement sur l’herbe, ranger l’osier joli à l’écho vide du soir dans le coffre de voiture. Les tomates furent juteuses, les casse-croûtes savoureux. Clic-clac, derniers selfies. Jeux insouciants d’enfants, leur ultime supplique avant des heures velours, somnolées à l’arrière des banquettes.

    Le ballon avait roulé.

    Les innocents mutins avaient suivi l’espiègle en contrebas du talus, s’étaient même griffé les bras aux épineux buissons. Les rires cessèrent d’un coup, stupéfiés, les souffles restèrent béants. Dans le silence, « Les garçons, on y va ! »... Une inquiétude, « Les garçons ? Où êtes-vous ? »

     

    La sphère avait fini sa course, butant au pied de godillots pour moitié délacés, découvrant des chaussettes de laine emmêlée de brins d’herbes sèches. Au bout, il y avait un corps. Le bourdonnement des mouches, l’odeur pestilentielle leur avaient clos le bec.

    L’homme, couché sur le flanc, était recroquevillé en boule. Un vieux chien sans collier pelotonné dans son blouson de mites, comme s’il s’était comprimé à l’intérieur d’un lui-même sans vie. Autour, il n’y avait rien, ou tellement peu. La toile à demi éventrée d’une tente décrépie, à peine au-dessus de sa tête et des épaules. Des livres aux coins usés mille fois du même doigt. Deux photos jaunies en guise de marque-page. Un téléphone portable du siècle dernier, exténué, lui aussi, de toute énergie. Un réchaud bleu sans âge, une cuillère cabossée, une gamelle démanchée, un reste de lentilles avariées.

    Depuis combien de temps ?

     

     

     

     

    La scientifique bleusaille avait fait son ouvrage, sans la moindre amertume. Routinier. Clic-Clac, photographies de la scène, sous tous les angles, prélèvements, relevé d’indices, recherche d’identité, enquête de voisinage... Mais de qui parlaient-ils, là au milieu d’un vide tout juste peuplé de quelques fantômes ? Pire, s’il y en avait eu, sans doute étaient-ils définitivement morts, emballés dans le sac mortuaire avec le pauvre bougre. Ziiiip !

    À une dizaine de kilomètres, la buraliste le voyait épisodiquement pour un pot de tabac, du papier à rouler. La dernière fois c’était... elle ne savait le dire. Au bar aussi, le patron se souvenait de cette barbe hirsute. Pour sûr, qu’il buvait des bons coups, sacrebleu et plutôt quatre fois qu’une. Le zinc le soutenait plus souvent que ses jambes. À se demander comment le lascar pouvait rentrer chez lui. Et il habitait où... Bin là, en effet, la question était bonne mais... La caissière de la supérette se rappelait des deux petites boîtes de saucisses aux lentilles et de quelques bouteilles. Du vin oui, mais toujours des fins cépages. Ah si, une fois, ils en avaient parlé... enfin juste un peu. Du vin justement, oui, quelqu’un lui avait appris... Marié ? Non, elle ne le pensait pas. Pour le moins, elle n’avait jamais vu de femme avec lui. Un enfant, oui peut-être, elle n’en était pas sûre...

     

    La seule chose que le légiste avait pu ranimer, ce fut le portable. Le dernier appel remontait à plusieurs années et le répertoire succinct se réduisait à trois numéros. La flicaille chercha à les joindre, un n’était plus attribué. L’ancien numéro d’un toubib, en psychiatrie semblait-il, qui depuis avait pris sa retraite. Une voix d’homme mûr décrocha au second. Il connaissait bien l’individu pour être de sa famille. Son élocution ne trembla pas, il demanda l’adresse de la morgue et précisa qu’il arriverait le lendemain soir pour les formalités. Le troisième coup de fil fut planté tel un coup de grâce, que l’on eut cru passé au service des homicides. La femme écoutait en interminables sanglots les détails sordidement déballés par l’agent stagiaire. Sans attendre, elle venait sur le champ.

     

    Sur la route, la nuit engloutissait tout. Voiture, ciel et asphalte avaient la même odeur. Celle qui ravive les tardifs regrets. Cabocharde, elle pensait se protéger, mettre à l’abri son âme, prête à toutes folies pour cet oiseau blessé aux ailes. Il s’était éloigné, elle l’avait regardé partir. Le mutisme avait pris sa place. Les mains sur le volant, la tête feuilletant les albums de sa mémoire. Clichés intacts, tous gravés. Surtout ce soir-là... Le dernier, le plus terrible. Pour la voir, il s’était traîné, éculé comme une vieille paire de galoches, tenant à peine debout. Il avait frappé à sa porte, à deux reprises. Ils seraient toujours là, l’un pour l’autre. Quelles que soient les tempêtes, ils se l’étaient promis. Elle n’ouvrit à aucune, paralysant le glacial de ses larmes en insondable banquise. Lui, s’était évaporé, n’avait plus donné signe, contraint d’accepter l’amputation. Ils s'étaient perdus.

     

     

    * L'ENCRIER * « L’Abandon »

     

    Elle le retrouvait là, à l’ouverture du tiroir numéro 17. Comme il avait maigri. L’azur s’était tu. La barbe toujours douce sous ses doigts. Les lèvres fragiles tout autant que le cœur. La froideur de l’inox lui transperçait les os, les mains étaient gelées. Malgré tout ses baisers, le souffle chaud de sa bouche n’y pouvait désormais rien. Poussé dans le néant, l’oiseau libre était tombé du nid. Le préposé repoussa le compartiment, le frigo finit de l’emmurer. Le flic l’avait raccompagnée jusqu’à son véhicule, et laissée sur un parking désert.

     

    Au-delà de sa douleur, elle ne lui survivrait pas. Elle s’était enivrée, souvenirs au goulot. Avant une dernière folie. Avec lui ou sans elle.

    Pourquoi n’avait-elle pas...

     

     

     

    Anna – 4 Novembre 2014 ©

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    * L'ENCRIER * « Analemme en Huit »

     

    Naître d’un cri, étranger au monde et à soi-même, ignorant jusqu'à l’épreuve périlleuse de ce premier souffle. Originel son bercé des bras vides d’une mère. Artificieuse, la peur s’immisce au ventre. Embuscade latente, obsolescence programmée.

           Demain, tu seras sage.

    Ébauche dessein d’une ligne de vie, droite entre deux points. Balbutiements des pas, innocents d’un non-savoir. Entrouvrir à cloche-pied les voiles embrumés. Découvrir goulûment. Humer l’air des étoiles, s’arrimer l’œil à l’ambre. Exhaler le moindre frisson aux pores pulsatiles. Peau velours, baisers essaimés. Harmonies aux paupières closes. Un, deux, trois, soleil. Et corps chu. Goûter les sels à la rade des joues. Genoux bleus, rouges cailloux.

           Demain, tu sauras être raisonnable.

    Fraîcheur équilibriste et sautillante, la fourbe vie s’en rit. Reprendre le chemin des vers. Fragrances mélodieuses tatouées sur les tympans. Oser respirer à pleine poitrine, pied de nez exalté à deux mains. Plus vite encore, poignées en coin. S’enivrer à l’impertinente légèreté. Côtoyer au plus près l’adrénaline, la chérir comme une seconde peau et s’y risquer encore. S'entêter à ses fièvres vertiges, ailes fascinations. Plus haut toujours, en gourmandes stratosphères. Apesanteurs fusionnelles.

           Désormais, tu garderas les pieds sur terre.

    Un debout englué ici, la vie ne sied dans cet air vicié. L'apaisante folie se dissipe, sans eaux ni chagrin, ou alors plus tard. Réapprendre Newton et le poids de son corps. Quitter l'espace de sa ligne, marcher sur la courbe conforme. Glisser sur la pente, bifurquer au prochain croisement. Bottes et premières gadoues, épaules alourdies, pourquoi déjà ? Les nuages d'hier étaient si purs, bienveillants. Dislocation du corps et de l'âme dans un cercle vicieux. Poings au fond des poches, se déhancher entre fiels fourchus. Pourtant, il faut vivre. Alors se tordre, spirale rétractée aux impératives vicissitudes. Erreurs d'un monde sans cabrioles, corps et âme se désolidarisent en hélice distendue. Dislocation elliptique.

           Désormais, tu connaîtras la peur.

    Désobéissant aux moindres désirs, le corps cabossé devient sourd à cette cervelle cabocharde. Boiteux, tordu, marchant en crabe, il ose s’abandonner désuet au sursis qui le ronge. Le cerveau s’entortille et se noie aux heures fractales. Un moi dans l’angoisse émoi, l’autre ne voulant s’y absoudre. Le répit devient claustrophobe, et l'espace s'étrique. Se dévêtir d’une chair inutile, tel un costume élimé, voué aux mites. Ne plus sentir le vent courir sur les vagues blondes, celles que l'on frôlait des doigts sur leurs épis charnus. Cesser de noircir son cœur aux couleurs d'un monde sans ailes du désir. Effleurer à peine les mains charitables devenues impuissantes. Inouïr les mots désarmés des sirènes bienveillantes dans mes maux acharnés. S’éthérer enterrée sous d’analgésiques parapluies. Délaisser la douleur qu’on balade comme un chien sous une pluie battante.

           Enfin, tu deviendras émotion pure des rêves insensés.

    Hors des potions magiques et des affres matérielles, le temps se presse. Redevenir ce cri originel, à l'avenir sibyllin. Repartir les pieds nus sur les cirrus doucereux. Être l’évent impalpable, translucide de soi-même. En sortir déchaînée, apesanteur retrouvée. Circuler dans son propre esprit à la vitesse de la lumière. Accélérer encore. L'ellipse se cintre en huit. Hurler dans la transparence du silence, écrire jusqu’à la dernière pensée en ultime ivresse. S’alcooliser aux rêves les plus fous. S’enivrer quand tout sera dit en une ligne adrénaline, suprême et envoûtant coup de cœur. Griller la der des ders, et garder en bouche ce dernier vers. Goûter à nouveau aux vertiges sidéraux. Particules pyrotechniques, magnétiques. Atome éthéré avant de s’abdiquer dans l’inconnu du vide.

           Bientôt, tu seras folle, mais libre...

     

    Anna –  31 octobre 2014© 

     

    Pink Floyd - High Hopes

    (VO en attendant qu'elle passe sans accroc au piano)

     

     

     

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    * L'ENCRIER * « Non-dits »

     

     

    Entre les lignes vides

    Ressentir ce qui est tu.

    Lisser les trames de soi,

    Fils ténus, non dénudés.

    Éprouver dans un regard

    Les drames glissés sous taire.

     

     

     

    Anna -  « Pensées » - 28 Octobre 2014  

     

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    * L'ENCRIER * Les Crayons Rouges

     (Cliquer sur l'image pour accéder sur la page de la Nouvelle)

     

    Vous avez fait connaissance de Léonie des alpages... dans une Nouvelle

     « Les Crayons Rouges »

    Notre ancienne institutrice aimait les belles lettres...

     

     

    * L'ENCRIER * Les Correspondances...

     

    Découvrez en exclusivité

    toutes les « Correspondances de Léonie »

     

    sur le site ami les Variations d’une Plume

     

     Merci pour ce joli partage !

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    * COULEURS * Premières Neiges - Aquarelle

    « Premières Neiges » - Aquarelle - 30 X 42 cm - 2014

     24 Octobre 2014

     

     

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    «  L’Encre Heure »

     

    * L'ENCRIER * Les belles histoires ont-elles une fin ?

      

          Anna – 27 Octobre 2014 ©

     

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    * COULEURS * Thésée contre le Minotaure - Encre de Chine

    « Thésée contre le Minotaure » - Encre de Chine façon Maori - 30 X 42 cm - 2014

    d'après le bronze de Barye ( Musée du Louvre )

     

    Barye - Thésée contre le Minotaure - bronze

     

    Cette position me fait beaucoup penser à des danseurs de Tango Argentin.

    Pourquoi ne pas reprendre, un jour, ce dessin avec cette interprétation ?

     

     

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    * COULEURS * Nu façon Art Nouveau

     

    « Nu N°1 » - Encre de chine façon Art Nouveau - 30 X 42 cm - 2014

     

    Comme qui dirait... j'ai bien fait, cette année, de m'inscrire (enfin !) à des cours de dessin.

    Va falloir travailler les visages et les mains ou faire des nus avec une cagoule et des moufles...

    Au choix !! no

     

     

     

     

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    Bonjour Tu, Nous, Vous,

     

    Bonjour  Elles...

    * HUMEUR * Voir la vie en Rose

     

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    * ÉCRITURE * REMINGTON 1873

     

    Si nous remontions le temps ?... Écrire en pianotant sur un clavier d’une bonne vieille Remington ou Underwood de 1873. Réentendre le bruit de la frappe des touches, sans que les bras métalliques des lettres ne risquent de se croiser quand vos doigts vont trop vite...

     

    Le concept développé par la société KICKSTATER verra le jour début 2015. Le clavier se connecte via USB ou Bluetooth, aussi bien avec votre PC, laptop ou tablette ! Il commencera à être commercialisé en août... Un petit plaisir vintage à 300 $.

     

     

    ATTENTION : Clavier disponible uniquement en QWERTY !!

     

    * ÉCRITURE * Clavier de 1873 connecté sur port USB

    (Cliquez sur l'image pour accéder au site et à la démonstration - ! en anglais !)

     

     

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    * COULEURS * Phare Ouest - Aquarelle

     

    « Phare Ouest » - Aquarelle et Calligraphie - 60 X 42 cm - 2 octobre 2014

    (Désolée pour le raccord de scan)

     

    Assassin's Creed 4 Black Flag - Roll and Go

     

    Oh Oh ! Joyeux Anniversaire Belle Tippi !

    Visitez son blog et laissez-vous bercer...

    * COULEURS * Phare Ouest - Aquarelle

     

     

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    En parlant de « coquilles » typographiques... (cf. l’anecdote de ROSNY relatée récemment sur FB)... parfois, c’est carrément un mauvais timing dans l’histoire... Ou je me trompe ? Relisez-bien la page 381, ils étaient dans l'appartement de Goran au moment où celui-ci couchait son fils.... Ils appellent un taxi... pendant le trajet ... bla bla bla.... Puis (glup's ?) ils appellent un taxi ?... Ils sont déjà dedans !!

     

    * LECTURE * Le Chuchoteur, une Coquille peut-être ?

     

    Comme quoi, cela peut arriver à tout le monde, même à un best-seller !...

     

     

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    COULEURS, amour, mort

     

    « Amor Amour » - Encre de chine - 30 X 42 cm - 2014 

     (Nouvelle illustration par l'Auteur du texte - « Déprisme» )

     

     

    Si l’arbre s’endort sans feuilles

    Dans le vide de sa rouge ramure

    Alors, amour sans or s'endeuille,

    Abandonne à la vouge son armure.

     

     

    Anna – 1 Sept 2014 - ©

     

     

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    * COULEURS * « Vague N° 2 » - Aquarelle - 2014

     

    « Vague N° 2 » - Aquarelle et Acrylique - 30 X 42 cm - 2014

     

     

     

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